] La Lettre de l'ULB [

Pourrons-nous bientôt "fabriquer" une glande thyroïde à partir de cellules souches ? Les résultats exceptionnels obtenus par l'équipe de Sabine Costagliola (IRIBHM-Faculté de Médecine) et publiés dans la revue Nature du 10 octobre dernier, marquent un pas supplémentaire dans cette direction.

Ces chercheurs s'intéressent depuis quelques mois à plusieurs gènes suspectés de jouer un rôle crucial dans le développement de la glande thyroïde. Pour déterminer leur implication réelle, les chercheurs ont donc exprimé ces gènes, sous différentes combinaisons, dans des cellules souches de souris. Résultats: en forçant in vitro l'expression de deux gènes, les chercheurs ont obtenu, 20 jours plus tard, des thyrocytes (les cellules de la thyroïde) parfaitement fonctionnels. Mieux : transplantées à des souris dépourvues de thyroïde, ces cellules s'avèrent capables de produire des hormones thyroïdiennes de façon définitive, efficace et régulée. Ces chercheurs tentent maintenant de reproduire ces résultats avec des cellules souches embryonnaires humaines ou en reprogrammant des cellules souches pluripotentes dérivées de cellules de la peau (iPS).

Une piste sérieuse vers le traitement de l'hypothyroïdisme congénital, une carence hormonale touchant un nouveau-né sur 3000 suite à une malformation de la glande. En l'absence d'apport extérieur d'hormones thyroïdiennes dès les premiers jours de vie, l'enfant touché présentera un retard mental irréversible. Cette expérience permet également d'avancer vers une meilleure compréhension des mécanismes moléculaires liés au développement thyroïdien.

Les orchidées du genre Ophrys représentent un des cas les plus extrêmes au monde de spécialisation florale: chaque espèce est pollinisée exclusivement par les mâles d'une et d'une seule espèce d'abeille sauvage. Cette spécialisation écologique repose sur un phénomène de mimétisme chimique, les fleurs des orchidées imitant spécifiquement les phéromones sexuelles des femelles de certaines espèces d'abeilles sauvages. La reproduction de ces orchidées a lieu lorsque les mâles d'abeilles sauvages essaient de s'accoupler avec les fleurs dont les proportions, la pilosité et les couleurs rappellent également le corps d'une femelle d'abeille sauvage.

Comment un tel cas de spécialisation extrême a-t-il pu se développer au cours de l'évolution, à quel point cette stratégie de pollinisation est-elle répandue en dehors du seul genre Ophrys en région Méditerranéenne, et quels caractères floraux ont pu faciliter l'émergence de cette mascarade florale qui exploite l'instinct sexuel des mâles d'abeilles sauvages ?

Dans une étude parue dans la revue Proceedings - Royal Society. Biological Science, le Laboratoire Évolution biologique et écologie – Nicolas Vereecken, Patrick Mardulyn - (Faculté des Sciences) aborde ces questions en rassemblant des données comportementales, chimiques, génétiques et des analyses de couleurs de fleurs rassemblées au cours des 5 dernières années aux 4 coins de la Méditerranée.

Marchand, collectionneur, critique, éditeur, l'animateur d'art est tout à la fois. Les 25 et 26 octobre, des chercheurs belges, français, anglais, américains se penchent sur ces intermédiaires culturels méconnus des XIX et XXe siècles, lors du colloque "Animateur d'art" organisé aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique.

Co-organisatrice du colloque, Noémie Goldman a consacré sa thèse de doctorat à un de ces "animateurs d'art", le Belge Octave Maus. Diplômé en droit de l'ULB, avocat au Barreau de Bruxelles, Octave Maus dont le frère était artiste, est très rapidement devenu critique d'art, puis organisateur des expositions du groupe des XX et véritable "animateur" de ce mouvement artistique.

"Marchand, critique, artiste, Octave Maus a touché à toutes ces facettes, mais surtout il a consacré énormément de temps à la promotion du groupe des XX et mis à leur disposition son carnet d'adresses: chaque exposition attirait le Barreau de Bruxelles, les relations amicales ou familiales de Maus, etc.", explique Noémie Goldman.

La chercheuse a choisi pour titre de son intervention au colloque, une phrase de Maus lui-même: "Si l'art n'a pas de patrie, les artistes en ont une". Elle explique: "Maus était un promoteur de la modernité internationale. Grâce à lui et au groupe des XX, des artistes européens tels que Van Gogh, Gauguin ou Monet ont exposé à Bruxelles. Pourtant, lorsque l'on étudie le marché de l'art aux XX, nous avons observé que c'était les artistes belges qui profitaient le plus de la promotion mise en place par Maus. Cet aspect révèle la volonté de Maus, et de sa génération, de valoriser la culture belge encore toute jeune, et démontre également l'importance de l'aspect social dans le développement artistique bruxellois puisque la plupart des artistes du groupe étaient personnellement liés à Maus et à son milieu".

Noémie Goldman approfondit d'ailleurs l'étude de ce marché de l'art particulier dans le cadre d'un projet de recherche à la Faculté Solvay Brussels School of Economics and Management, en collaboration avec une équipe d'économistes conduite par Kim Oosterlinck au Centre Émile Bernheim.

Photo: Octave Maus à la cigarette, c.1910, photographie originale, collection Bertrand Maus de Rolley