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La répression des universitaires en Turquie

Depuis de nombreux mois, l'Université libre de Bruxelles n'a eu de cesse d'apporter son soutien aux enseignants et chercheurs de Turquie confrontés à des pressions et sanctions.

En janvier 2016, 1128 "Universitaires pour la Paix" avaient en effet pris l'initiative de signer une pétition en faveur d'une solution pacifique dans le Sud-Est de la Turquie. Depuis lors, ces collègues signataires font l'objet de répressions qui ne cessent de s'intensifier, et ce de manière d'autant plus implacable depuis l'instauration de l'état d'urgence à la suite de la tentative de coup d'État de juillet 2016: exclusion définitive de leur université pour la quasi-totalité des signataires, emprisonnement d'un mois et poursuite judiciaire à l'encontre de quatre d'entre eux (Meral Camci, Kivanç Ersoy, Esra Mungan, Muzaffer Kaya), qui sont en procès depuis mars 2016.

Depuis le début de cette répression, l'ULB a tenu à apporter son soutien aux collègues turcs, que ce soit en ouvrant des chaires d'accueil pour chercheurs turcs en danger (l'ULB accueille actuellement 5 chercheurs signataires) ou en envoyant de manière régulière des représentants du corps académique à Istanbul pour assister aux différentes audiences du procès à l'encontre des quatre académiques. Une nouvelle audience de ce procès sans fin a eu lieu ce 26 décembre.

Parallèlement, la justice turque a franchi cet hiver une nouvelle étape dans la répression des signataires. En effet, depuis le 5 décembre 2017, c'est une nouvelle phase de la répression qui est mise en branle, avec le retour des moyens judicaires: chaque signataire est désormais jugé pour "propagande terroriste", et ce de manière individuelle. Cette manière d'individualiser les poursuites isole d'autant plus les collègues poursuivis et complique les possibilités dont nous disposons de leur apporter notre soutien et de produire ainsi un juste mouvement de solidarité autour d'eux.

Thomas Berns, professeur, membre du CA et porteur d'un message de solidarité de l'Université libre de Bruxelles, a assisté à plusieurs audiences.

Dans son compte rendu, il y évoque notamment ses inquiétudes face au retour des cours spécialisées créées depuis l'état d'urgence qui font planer la menace sur la liberté d'expression, mais également son envie de "rappeler avec force que la recherche et l'enseignement universitaire réclament plus que toute autre activité, une totale liberté, une absence de craintes et une confiance mutuelle, pour être inventive, critique, collective et soucieuse de la seule vérité". Enfin, malgré la crainte qui ne manque pas de s'infiltrer, malgré l'épuisement, il rapporte que le sentiment qui ressort des témoignages de signataires est avant tout celui d'une solidarité admirable et d'un espoir qu'aucune stratégie répressive ne parvient à vaincre.

Et il nous rappelle la nécessité urgente que cette solidarité soit également poursuivie en dehors, par les autorités européennes et par nos universités, "que ce soit en assurant une présence internationale lors des procès, en faisant ainsi savoir aux universités turques partenaires qu'elles doivent protéger leur personnel en danger, en ouvrant des chaires d'accueil pour les collègues turcs en danger pouvant encore quitter la Turquie ou en inventant des nouvelles formes de coopération avec les chercheurs limogés ou poursuivis qui ne peuvent quitter le territoire".

Lisez le compte rendu complet

proces_istanbul_decembre_2017_Thomas_Berns.pdf